Les êtres humains ne figurent pas dans cette série de photographies. Pourtant, leur empreinte se révèle partout: Dans l’architecture de chaque usine, dans l’assemblage et le boulonnage de chaque kilomètre de tuyaux.
Lorsque j’ai regardé par le hublot cette nuit là, j’ai cru apercevoir la ville de Montréal qui brillait de mille feux. En réalité, ce n’était pas la ville qui étincelait mais son port industriel. J’ai commencé à m’intéresser à ces zones périphériques, marquées par l’industrie portuaire en 2009.
Les ports industriels, suivent les tracés des bords de mer ou de fleuve. Ils entretiennent un lien étroit avec la nature et redessinent la côte de manière très délimitée et forte.
Indissociables de la géographie environnante où ils s’implantent, il semble que ces espaces soient tout entier voués à servir les besoins de l’humanité.
A l’origine, les villes se sont construites autour des ports. Puis, l’industrie pétrochimique s’est développée pour s’installer à la périphérie des villes loin des regards des citadins.
Espaces dépréciés et cachés, ils tendent aujourd’hui à faire à nouveau partie de l’espace urbain. Les villes s’agrandissent et gagnent du terrain sur ces territoires mis à l’écart tandis que les réserves de pétrole s’amenuisent sur terre.
En France, la raffinerie Petroplus du port du Havre a fermé ses portes. D’autres comme Shell près de Montréal sont en train d’être partiellement démantelées.
Qu’adviendra-t-il de ce paysage industriel dans quelques années? Quelles nouvelles activités vont venir remplacer les anciennes ? Quelle politique d’aménagement vont choisir les villes qui les abritent ?
Consciente des problématiques économiques, écologiques et environnementales qui occupent la politique des villes et des régions aujourd’hui, je parcours ces territoires encore en activité à la recherche des signes des mutations et des batailles de notre époque.
J’ai choisi la nuit comme espace scénographique de mes pérégrinations parce qu’elle épure les formes et les détails jusqu’à révéler l’essentiel.
Les hommes marquent le paysage des traces de leur passage.